Pascal Battus : rotating surfaces
Bertrand Gauguet : alto saxophone
Those three more than experienced improvisors deliver us a rafinate set of electroacoustic music, of -almost- pure abstractization of the instruments.
A poetic of the whispers, whirrs and mecanical micro-mouvements.
At la Muse en Circuit, Alfortville ,France
2017 October
Editing by PB, BG & RL
Mixed and Design By D'incise
Mastering by Giuseppe Lelasi
intensely, using your concentration to grasp what's going on, but on another rotation, without the same level of attention, I found that all of these sounds blended into perfect unison and became a wonderful set of electro-acoustic monochromes of subtle changing intensity."
Seven improvisations, of the sort that
are weathered and well-seasoned, always alive but never restless.
Each ‘act’ of Intervalles builds up a series of complex textures
from a variety of subtle tonal colours that never resolve into
anything too pretty or too pat. The sonic intrigue makes sure that
things never get dull and I was going to say that if you like that
sort of improv you’ll love this, but then I checked the personnel
again. The instruments listed are snare drum, “rotating surfaces”,
alto saxophone, and nothing else. How did they make this? Where the
hell was the sax? They’re even better than I thought.
Ben
harper / Boring like a drill
Électroacoustique découpée en sept actes chirurgicaux de dernière
innovation, utilisant les nouvelles technologies inventées pour entrer
dans le corps de cette improvisation électroacoustique que l'on croit
connaître, et qui parfois se fait ausculter pour la réveiller un peu,
ici beaucoup. Une chirurgie vasculaire des canaux de l'impro, une
chirurgie microscopique du sonore. Sept interventions aux manipulations
délicates de l'art sonore du minimalisme, qui parvient à sonner tel une
musique industrielle dès le deuxième acte, symbolisant à lui seul
l'ensemble des intervalles, et s'approchant de la pièce « Nur zur
errinerung » d'Einstürzende Neubauten (Silent is sexy, Mute records,
2000). La fin de l'acte, laisse même échapper un sax alto s'amplifiant
comme une voix qui se plie de douleur. C'est le sax de Bertrand Gauguet
qui joue de la sorte, qui ici retrouve son compagnon de chantier Pascal
Battus avec ses pièces rotatives. Tous deux avaient avec Eric La Casa,
travaillé sur un projet de musique in situ de chantier, dans les
entrailles entre autres de la Cité de la Musique. J'y vois alors ici, un
lien avec cette musique industrielle du fameux groupe allemand et sa
musique à base d'outillages en tout genre. Si l'on retourne dans la
salle d'opération, le geste y est pour quelque chose dans cette histoire
d'acte chirurgical. A cet instant, nous revient bien sur l'image de
Pascal et ses manipulations aux baguettes de précisions. Mais aussi aux
auscultations du moindre son de la cymbale charleston sur son pied, par
Rodolphe Loubatière, grand chirurgien lui aussi en la matière
électroacoustique, au même titre que ses partenaires. Pas étonnant de
trouver le bilan de ces opérations sur le label Insub records, grand
spécialiste parmi d'autres ès improvisations minimales européennes.
Cyrille Lanoë / Revue et Corrigée
INTERVALLES-INSUB.REC, CD09 - 2020
Tapie comme un insecte dans la cage du studio, la musique de Rodolphe Loubatière, Pascal Battus et Bertrand Gauguet vibre de toute sa sensibilité, ouverte au prochain signe émis par ces voyageurs immobiles. La fugacité de l'instant vient de les surprendre en pleine quête d'éternité, eux qui savaient pourtant dans quels tourbillons ils s'engageaient, et l'on n'entend qu'un bruissement d'ailes affolées par cette soudaine précarité.
Fausse alarme, pourtant, faux signaux et vraie présence - d'esprit, de corps et de l'attention portée à la moindre étincelle susceptible d'éclairer le réseau de leur connivence ! Déjà, le bourdonnement sourd des percussions tapisse le sol, les matières éparpillées sur les surfaces vibrantes frémissent d'impatience et un jappement rauque traverse l'espace en un froissement de métal et de chair. L'organicité du trio palpite d'une vie contenue qui s'échappe par toutes les failles ménagées dans l'élasticité de l'air.
Associant des personnalités mais également des sonorités particulières, l'ensemble réunit trois artistes qui ont déjà montré autant de liberté que d'ouverture et une communauté de sons basée sur la fluidité, l'harmonie et l'imprévisibilité de leur nature. Bertrand Gauguet est un montreur d'illusion. Son sax alto engendre les métaphores d'un réel fantasmé, résonnances mimétiques de soupirs fictifs, de grincements improbables et de cris dérobés à un bestiaire fantastique. Il y a du Méliès chez ce musicien, une manière de sublimer l'écho pour mieux en occulter la source, comme le cinéaste transfigurait l'ombre aux dépends de l'objet. A propos d'objet, d'ailleurs, s'il est un instrument qui assume aisément la banalité de ce statut, c'est bien les percussions puisqu'il suffit en quelque sorte de taper dessus pour faire du bruit. Rodolphe Loubatière l'a bien compris, qui laisse jouer l'enfant en lui et parvient à la régression nécessaire de l'intention musicale vers l'impulsion primitive et le désir archaïque d'une frappe affranchie du rythme. Sa démarche symbolique sacrifie au rite d'identification, érigeant des totems à l'image des manifestations originelles : grondement de l'orage, pas furtif soulevant la poussière, éclats de soleil reflétés dans le cuivre d'une cymbale et mouvement quotidien du bois ou du métal sur la peau d'une caisse-claire, dans la constante réitération de l'acte sonore. Quant à Pascal Battus, exception faite de l'électricité indispensable à la vibration de ses surfaces, il n'est redevable à aucune lutherie ni aucun procédé. On dirait qu'il façonne le son à mains nues tant le rapport est immédiat entre ses doigts et les billes d'acier, graines ou graviers dont l'agitation perturbe le silence. L'instrument constitué réagit promptement aux stimuli de l'artiste et son geste devient l'élément central de cette NEF en partance pour une poétique du réel, le liant grâce auquel les trois souffles convergent en un seul murmure.
Les sept "Actes" de cet "Intervalles" enregistré par le trio forment ainsi un paysage unique mais composite, une géographie sonore dont l'abstraction renvoie aux signes les plus concrets, à la manière d'une pièce électroacoustique paradoxalement interprétée par des instrumentistes de chair et de sens. Le rite de passage du son naturel à sa conception musicale prend, dès lors, la forme d'une représentation de l'instant que les trois hommes teintent, par là même, d'une nuance d'éternité inscrite dans la mémoire à venir de ceux qui voudront bien l'entendre et se laisser convaincre par sa seule beauté.
Joël Pagier
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