LP "Sédition"




Du volume de l'ampleur, de l'étoffé du dynamisme, du corps de la matière, de la sculpture du marasme, de l'architecture de la perpendicularité, de l'étalonnage du bruit blanc, du free, du free, du free de la guitare, du free de la batterie, du free de l'électronique, du free à deux et non pas du free à un+un, ça remue, ça remue, ça dresse de l'édifice, ça perce, ça pilonne, de la papillote qui brûle les doigts, qui vibre les oreilles, pas le temps de souffler, pas le temps de tergiverser, le temps est ailleurs, suspendu, vite on retourne le vinyle, deux pièces, une par face, un bonus sur la version bandcamp, un présent déjà dans le futur, retourné sur lui-même, lui c'est qui, c'est lui c'est moi, c'est nous, allez hop on y va, on en revient on y retourne, le souffle, le souffle, le souffle insufflé, au point de ne pas mettre le point, pour que cela ne s'arrête jamais, l'urgence, l'urgence de dire stop arrêtons un instant, regardons, posons, mais pas de point, pas de point, un disque enregistré à Lyon pour un label taïwanais, qui sent l'énergie des disques Gaffer, de certains de Chris Corsano, dans cet archipel de musiques libres à la spontanéité débordante et foisonnante, croisant parfois le math-rock et le rock dans une confusion appropriée et savamment dosée, point.
CYRILLE LANOË (www.revue-et-corrigee.net?v=chroniques)  


"Lyon based guitarist Cyril Meysson is unashamedly indebted to the heaviest acid rock from Japan. His band Noyades clearly worships High Rise, while solo works resemble Keiji Haino live albums. But this live duo sees free improv drummer Rodolphe Loubatière's nimble sticks lock Meysson into clean percussive parrying rather than any heavy amplifier noodling at the head of the album. Step by step they one-up each other into freakout fuzz. Meysson's epic guitar walls are magnificent when they appear, but Loubatière doesn't indulge him, dropping out or shifting gear when musical peaks materialise".
Tristan Bath - The Wire Magazine (www.thewire.co.uk)



"Then there's this new duo recording by Rodolphe Loubatière on drums and Cyril Meysson on guitar called "Sédition". Unsurprisingly, it is billed to the Meysson/Loubatière Duo, and it consists of two side-long pieces,each called "Sédition".
The A-side opens with frantic drumming and infrequent gothic guitar shards; then electronics really take over a little over halfway through the piece, zapping holes between constant percussive maelstrom and guitar squall. It all starts a long sunsetting around the 11-minute mark, and it's fantastic. Not to run it through a rock lens just because it has a guitar, but if you told me the B-side was Thurston Moore jamming with Paal Nilssen-Live or Chris Corsano, I'd believe you. Total slow burner. Love how ample feedback gives way to a traditional jazzy construction for a short while, like they wanted to zero in on playing a 'lil bebop, before the gates of Hades open again." 
Dynamite Hemorrhage (ed. #4)  (dynamitehemorrhage.com)   




Cet album, c'est déjà le plaisir d'une guitare électrique et d'une batterie s'étreignant dans la même fournaise. Peu de questions existentielles en apparence, mais le désir d'en découdre au risque de ne laisser, in fine, que des lambeaux de pièces réduits au silence et cherchant leur souffle dans les derniers recoins du studio. On ne peut pourtant pas dire que, jusqu'ici, les deux garçons nous aient accoutumés à ces furieuses empoignades rappelant, au plus fort de leur énergie, les "Espaces Interstellaires" de Coltrane et Rashied Ali. Depuis son premier solo, paru en 2012, et à l'exception d'un passage - à la batterie ! - chez Makoto Kawabata, Cyril Meysson développe un style hérité du Keiji Haino minimaliste et de l'acid rock japonais dont il repousse les frontières jusqu'au drone et ses plus sonores occurrences, murs de décibels et larsens tendus à s'en rompre. Rejetant, jusqu'au présent duo, les démonstrations digitales chères à nombre de ses collègues, il n'en use ici-même que parcimonieusement et dans l'optique d'une liberté absolue que ne viendraient entraver ni la technique, ni son manque, ce qui, de nouveau, nous évoque plus Coltrane, Hendrix, Sharrock et leurs descendants que les rejetons de Miles, notamment. En somme, Cyril s'inscrit dans une mouvance free contemporaine marquée par les expériences tous azimuts de ses ainés comme de ses proches. Quant à Rodolphe Loubatière, de l'Insub Meta Orchesta chuchoté par les insubordonnés helvétiques à son duo avec Olivier Dumont, responsable des deux albums "Moutures" et "Nervures", sa discrétion en fait sans doute l'un des percussionnistes les moins bavards et, subséquemment, les plus à l'écoute de notre époque tumultueuse. Alors, me demanderez-vous, quelle mouche a donc piqué nos deux improvisateurs, qu'ils retournent ainsi une veste guère plus doublée de vison d'un côté que de l'autre ?
D'abord, il faut bien admettre un certain déclin du réductionnisme, qui n'a pourtant pas livré tous ses secrets, mais dont les esthètes impatients et autres oiseaux de mauvaise augure ont programmé la mort annoncée par flemme de plonger au fond de somnolences parfois lénifiantes pour y cueillir ces perles délicates et d'autant plus précieuses que dissimulées au détour d'un soupir, d'une demi-pause ou d'un souffle ténu. Cyril Meysson et Rodolphe Loubatière ont tous deux exploré les limites de cette apnée silencieuse et gardent néanmoins une oreille ouverte à ses possibles manifestations. Pourtant, lorsqu'ils se croisèrent dans la chaleur aoutienne de l'an 2016, à l'ombre du Studio Polycarpe de Lyon, la confiance s'instaura aussitôt et la conversation s'engagea sans préavis, ni choix d'une esthétique particulière. L'idée même de sédition, cette incitation à la révolte qui allait donner leur titre à trois plages de l'album, n'avait jamais été prononcée lorsque, d'une baguette précise, Cyril frappa les premiers accords sur sa guitare électrique posée à plat et que Rodolphe se lança dans une rythmique empruntant au free ses plus efficaces pulsations : rebonds sur caisse-claire, Charleston ouverte, pied droit détournant par son irrégularité la fonction hypnotique de la grosse caisse et cymbale Crash omniprésente. C'était parti, tout simplement, pour une épopée libertaire dont personne n'aurait pu prédire l'orientation, mais que tous deux nourrissaient de leurs cultures mêlées et de leurs réactions immédiates à la moindre tentative. Ainsi, le free poussé au noise dans un foisonnement ternaire n'interdisait en rien le rock jailli sous l'accentuation d'un temps en début de mesure. La modalité même de certaines phrases laissait poindre une mélodie à venir que le volte-face du guitariste interrompait aussitôt et métamorphosait en une stridence tenue par la magie du sustain. Vers la 12ème minute de l'alternate take de "Sédition", Cyril Meysson se jetait dans le crépitement de notes aigües à ce point torturées qu'elles semblaient traitées par une quelconque machine… Au point qu'on en venait à douter de notre propre écoute puisque, à l'évidence, les deux musiciens étaient venus les mains nues.
C'est là que, blackboulés par les roulements de toms et les éclats de cuivre toujours plus impétueux, l'électricité mit fin une fois pour toutes à cet enregistrement de free-rock improvisé, joué à l'ancienne, mais rigoureusement moderne car féru de corrélations réciproques et instantanées.   Joël Pagier



"De notre côté, on attend surtout avec pas mal d’impatience la venue du duo lyonnais Meysson-Loubatière, réunion du guitariste de Noyades Cyril Meysson (en photo) et du batteur aux innombrables projets musicaux Rodolphe Loubatière. Situé aux confluences de sphères musicales comme la noise, le free jazz et l’improvisation pure et dure, leur subtil, intense et très réussi premier album Sédition, sorti en juin dernier, donne en effet très envie d’être découvert sur scène." Le petit bulletin

https://epic-magazine.ch/sedition-un-album-noise-par-le-meysson-loubatiere-duo/

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