Pierce Warnecke - Rodolphe Loubatière
Dans les placards qu’ouvrent Rodolphe
Loubatière(caisse claire) et Pierce
Warnecke(electronics), trônent, bien alignées, quelques
sournoises poupées de sons. Inutile de lapider leur chair de laine,
elles pétardent déjà d’angoisse et de troubles. Inutile de les
associer ou de les ordonner : elles n’obéissent à aucune loi si
ce n’est celles des anarchies temporelles. On ne les mettra jamais
en cage. On ne leur trouvera aucun domicile, aucun rivage. La
dé-cohérence sera leur royaume, le néant sera leur festin.
On aimerait bien y entendre de noirs
soleils, des plomberies grippées, des rails avant collision, des
nuages menaçants, des drones aux courtes allées, des transhumances
de hasard. On croira reconnaître la peau que l’on enserre ou
l’objet que l’on renverse, entrechoque. On croira mais rien ne se
livrera. Rien. Ni l’éden. Ni l’apocalypse.
Luc Bouquet - Le son du Grisli
--------------------------------------
Rodolphe
Loubatière (caisse claire) et Pierce
Warnecke (électronique) proposent une suite de six
improvisations libres dans la veine de l'eai assez énergique. Des
peaux grattées et frottées, beaucoup de techniques étendues et de
préparations, de l'électronique à base de larsens subtils et
créatifs. Le duo Loubatière/Warnecke fait penser à ces
rencontres datant du début des années 2000 entre Butcher &
Durrant par exemple : des rencontres entre improvisateurs où les
instruments et l'électronique se confondent dans le foisonnement de
sons non musicaux. Tout le monde fait du bruit, mais en conservant un
intérêt certain pour les variations et les ruptures dans les
dynamiques et les intensités, ainsi, bien sûr, que pour les
textures. Il s'agit d'improvisation libre électroacoustique aussi
énergique dans l'intensité que brute dans le son, ce n'est pas très
original certes, mais tout de même très bien réalisé. On a du mal
à reconnaître les sources (instrumentales ou électroniques) sans
que les musiciens aient besoin de rentrer dans un jeu facile de
miroir, de reproduction et d'imitation de l'autre, ce qui est très
bon signe dans ce genre d'approche à mon avis. Et puis les sons
trouvés, individuels et/ou collectifs, sont créatifs (surtout aux
moments les plus calmes), Loubatière & Warnecke savent faire
preuve d'inventivité dans la recherche sonore même s'ils ne sont
jamais très loin de ce que l'on peut attendre de l'eai. On sent
parfois l'influence des disques erstwhile du début des années 2000
d'accord, mais en même temps, il y a une recherche sonore assez
fraîche qui est mise en oeuvre ici : vers un son plus brut, plus
crade, mais peut-être encore plus recherché et travaillé. Un duo
enthousiasmant en tout cas.
Julien Héraud - Impro Sphère
-----------------------------------------------------
Où l'on retrouve Rodolphe loubatière,
après l'avoir croisé dans notre dernier numéro avec son disque en
compagnie d' Oliver Dumont sur Obs. Où
je terminais sa chronique en évoquant son séjour à Genève. Il en
est ici question sur ce disque, enregistré en juin 2012 dans cette
même ville et mixé par Pierce Warnecke à Berlin. Au menu, caisse
claire pour Rodolphe, électroniques
(et quelques bandes) pour Pierce. Le tout sur Gaffer Records,
décidément terriblement à l’honneur dans ce numéro 99. Ici
point de free rock, jazz et free jazz. L'on continue de découvrir
l'univers ultra minimal de Rodolphe. Je parlais déjà de celui-ci
en évoquant l'importance du geste. Les six pièces qui composent ce
disque travail à nouveau à façonner des espaces au plus près de
l'objet, à l'aide d'un dispositif ultra simplifié, de simples
micros contact par-ci, une électronique aux effets basiques par-là.
Avec comme
épicentre le réductionnisme et le silence. Beaucoup plus exploité
ici que sur le duo avec olivier Dumont. Ces textures hachées me
rappellent parfois les univers de Burkhard Beins, Ignaz Shick ou
Perlonex. La deuxième face reste ma préférée, avec ces passages
étirés de son métalliques, de fréquences graves, une musique
concrète crépitante. Jusqu'aux derniers gestes.
Cyrille Lanoé ( Revue&Corrigée n°99)
------------------------------------------------------
Rodolphe Loubatière, caisse
claire. Pierce Warnecke, électroniques. Une caisse claire amplifiée
comme source de percussion unique avec de nombreux objets et cymbales
frottées. Une électronique qui semble directement liée à cette
source unique plus divers autres parasites électriques. Une
combinaison dense, ferrugineuse et abrasive pour une véritable
exploration sonore.
Jérôme Noetinger - Metamkine
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire